dimanche 29 avril 2012

« Les arts et les nouvelles technologies »

L’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse, le Laboratoire de Recherche en Culture-Nouvelles technologies et Développement et l’Institut de la Méditerranéité (Association pour la Culture et les Arts méditerranéens) ont organisé, le samedi 28 avril 2012 à partir de 9h30, à l’Institut Supérieure des Beaux-Arts de Sousse, un séminaire de recherche sur : « Les arts et les nouvelles technologies »
La 1ère séance de séminaire

La première séance- ouverte par Mr Mongi Souied, Directeur de l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse et modérée par Mme Faten Chouba Skhiri, Maitre de conférence à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse- était, plutôt consacrée à l’art visuel et le rapport entre l’image et les nouvelles technologies. Auparavant, j’ai eu l’idée que les nouvelles technologies sont capables de tuer la touche humaine de l’artiste. Cependant, j’ai découvert, d’après les travaux de Mme Eliane Chiron, Professeur émérite, Directrice du Centre des Recherches en Arts visuels, dont on peut citer Les Nageuses, La Mer, High Noon, etc. j’ai remarqué que les nouvelles technologies donnent, en effet, une nouvelle vie à l’œuvre humaine et lui donne une certaine expressivité éblouissante. En fait, « ça fait vibrer » (d’après l’expression de Mme Eliane Chiron). Grace à l’effet sonore étourdissant, le choix des couleurs et les mouvements créés par l’artiste dans son œuvre La Mer, on se trouve, effectivement, plongé dans une mer volcanique agitée, traduisant, peut-être, la colère de Dieu, ou dans une mer de sang bouillonnant, coulé par des mains humaines symbolisant la violence et la bêtise de l’Homme. C’est un véritable voyage hors du temps et hors de l’espace-lieu ; une rupture avec le monde réel et une communion avec l’œuvre d’art.
Nessrine El Abed, une enseignante à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Sousse, a choisi, de sa part, d’exploiter les nouvelles technologies dans des travaux sur « l’Autoportrait ; la figure monstre entre l’organique et le numérique ». Se basant sur l’idée que l’existence humaine est fondée sur la dualité :( la vie et la mort, le corps et l’âme, le réel et l’imaginaire, le palpable et le non tangible, le figuratif et l’abstrait, le physique et l’intellectuel…), Mme Nessrine mène une quête de sa propre identité. Ce dédoublement, d’après elle, peut assurer une certaine complémentarité harmonieuse ou une opposition et un métissage ; il s’agit soit de la transposition de son propre visage par effet de miroir comme c’était le cas avec Narcisse, soit d’un déchirement violent et une recomposition, par assemblage, de la figure humaine comme c’était le cas avec Frankenstein. On découvre, alors, que le numérique peut charger l’organique d’une signification. Ce dédoublement n’est-il pas l’expression de l’état schizophrénique dont tout homme peut souffrir ? N’est-il pas le dévoilement du déchirement de l’individu entre une pluralité d’exigences ou entre un passé qui le détermine, un présent fugitif et un futur confus ?
Et puis, loin de l’aspect monstrueux créé et inspiré par le pouvoir de métissage du numérique, Mr Amir Hamzaoui, Enseignant à l’Ecole Supérieure des Sciences et Technologies du Design, a parlé de l’aspect ludique du numérique : « La dimension du jeu dans l’art technologique ». Comme tout un jeu, les techniques numériques sont soumises à des règles. De plus, le numérique rejoint le jeu dans le lien d’interactivité que mène le premier entre l’artiste et le spectateur et entre ce dernier et l’objet mis en scène et que mène le second entre un certain nombre de joueurs. Le numérique exige, donc, une interprétation et une réflexion sur l’œuvre d’art. L’artiste joue, de sa part, en découvrant de nouvelles techniques et de nouveaux aspects de l’activité artistique ayant l’intention de manipuler le spectateur qui joue en interrogeant l’œuvre et déchiffrant les codes créés par l’artiste. Dans les deux cas l’Homme tend, à sa manière, de manier la matière.
La deuxième séance, modérée par Mme Eliane Chiron, s’est intéressée au rapport de la musique et de l’image dans l’art visuel. Mr Achref Kammoun a évoqué la question de «Le gestuel/le virtuel de la musique ». Le musicien propage la musique à travers des gestes en vibrant tel ou tel instrument ou en dirigeant un orchestre. Or le son émis est capable de vibrer les cœurs des auditeurs ou des spectateurs : on peut voir des têtes qui dodelinent, des bras qui bougent, on peut même quitter le champ réel pour visiter, virtuellement, d’autres mondes imaginaires ou un passé chéri ou douloureux. L’objet, à savoir l’instrument de musique, n’est plus vidé de vie, au contraire, il inspire la vie en provoquant certains sentiments et certaines idées.
Mr Helmi Mahfoudhi, Enseignant à l’Institut Supérieur des Arts et de Multimédia de Manouba, s’est intéressé à « L’interaction son et image en temps réel ». En fait, il ya un lien intrinsèque entre l’image et le son : l’un met en évidence l’autre en lui dotant d’une certaine expressivité. Cette idée rejoint celle de Mr Amin Hamami, Enseignant à l’Institut Supérieur des Arts et de Multimédia de Manouba qui a parlé des « méthodes d’analyse du son » pour arriver à « écouter l’image et voir le son ». Dans ce sens, l’auditeur-spectateur doit être actif et bien éveillé pour qu’il puisse ressentir ce que peut inspirer la musique ou l’image et interpréter les codes que l’artiste a établis.
Mr Helmi Ben Ncir, Enseignant à l’Institut Supérieur de Musique de Sfax, s’est intéressé à « l’Intégration des Nouvelles technologies de l’information et de la communication dans la production musicale en Tunisie : mutation des outils, des méthodes et des relations et mesure d’attitude ». A ce propos il invite à la découverte de nouvelles pratiques musicales en recourant à la nouvelle technologie dans le but d’assurer l’évolution de la musique tunisienne.
En conclusion, image, son et technologie peuvent contribuer à la création d’une œuvre d’art authentique qui doit être le support de l’interactivité en un artiste-chercheur et un auditeur-spectateur capable de décoder le sous-entendu.

Guesmi Nawrez

Le 29/04/2012

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